Marre de subir un management qui vous stresse ? Vous n’arrivez pas à travailler dans ces conditions ?
Qu’est-ce qu’un manager toxique et comment travailler avec lui ?
C’est la question que j’ai posée à Patrick Collignon.
Dans cette interview, Patrick nous décrypte 2 styles de management toxiques et nous explique comment travailler avec eux.
Votre manager est-il plutôt Hyper, qui ne s’arrête jamais et veut toujours plus… ou bien Despote qui a toujours le dernier mot ?
Qui est Patrick Collignon ?
Patrick est auteur, conférencier et coach d’épanouissement, expert du stress et de l’anxiété. Sa conférence TED “enfin libre d’être moi” a été vue près de 160 000 fois.
Son quotidien est d’accompagner ses clients à reprendre leur vie en main en détournant le fonctionnement normal de leur cerveau à leur avantage.
Il a écrit 6 livres de développement personnel et de vulgarisation scientifique, dont : “Le Management toxique” co-écrit avec Chantal Vander Vorst.
Qu’est-ce qu’un management toxique ?
Un management devient toxique lorsqu’il ajoute aux tâches une pression psychologique supplémentaire inefficace. On entend par management un manager mais aussi une organisation.
Patrick Collignon distingue 5 styles de management toxiques.
Regardons-en 2 en détails : le management Hyper et le management Despote
1) Le management Hyper
Comment réagit le manager Hyper ?
Un manager Hyper…. est hyper tout… et n’importe quoi.
Je m’explique.
Il peut être hyper ordonné, hyper structuré, hyper relationnel, ou hyper enthousiaste, etc. etc.
Très agréable à première vue. Mais alors quel est le problème me direz vous ?
Son côté “too much” est un indice de la pression qu’il va vous mettre. Prenons un exemple.
Le manager hyper créatif, va distribuer ses idées sans forcément les gérer pour faire en sorte qu’elles deviennent concrètes. Il va mettre la pression sur les personnes qui l’entourent pour que ses idées soient matérialisées.
Hyper sympa toutes ces idées nouvelles…. mais épuisant à la longue pour ceux qui sont autour ! On est obligé d’agir pour 2.
Comment fonctionne l’Hyper ?
Au départ, c’est génial, tout va bien… en apparence. Le manager Hyper oscille entre la fébrilité, l’envie que cela se fasse et une peur que cela ne se fasse pas. Quand il obtient le résultat, ça n’est souvent pas ce qu’il veut, pas aussi bien que ce qu’il veut.
Quand il n’obtient pas ce qu’il veut, il est insatisfait. Si cela se reproduit, alors il peut ne plus faire confiance, remettre en question la relation, se dire et vous dire que vous auriez dû faire ceci ou cela, ne plus vouloir travailler avec vous, etc.
Car bien entendu, si cela ne tourne pas comme prévu, c’est forcément de VOTRE faute.
Comment travailler avec un manager Hyper ?
L’important sera de rester dans l’oscillation du début. Autrement dit, lui montrer que les choses avancent, petit à petit. Il faut lui donner les résultats au compte-goutte et l’inclure pour le faire travailler.
Comment me direz-vous ?
Et bien en lui demandant de se positionner, de faire par exemple le business plan. L’idée est de l’amener à prendre conscience que sa demande est disproportionnée par rapport aux possibilités. Il faut lui mettre dans les mains des actions sans arriver trop vite à un résultat. Il faut lui laisser le temps d’arriver lui-même à la conclusion que cela ne fonctionnera pas comme il veut.
2) Le management Despote
Comment réagit le manager Despote ?
Avec le Despote, on ne peut pas dire non. Il obtient ce qu’il veut, quand il le veut et comme il veut. C’est le principe du mâle alpha, comme dans les meutes d’animaux. Le mal alpha domine le troupeau.
Le Despote a tendance à surévaluer sa confiance en lui. Il dispose d’une très faible capacité de remise en question.
Prenez l’exemple d’un attelage de chiens de traineau. Celui qui est devant n’y est pas par hasard. C’est le mâle alpha de la meute qui a imposé son autorité sur les autres et aura la meilleure pitance.
Comment fonctionne le Despote ?
Le Despote ne supporte pas le “non” et vous le fera clairement savoir. Si vous le mettez face à ses contradictions, il risquera de tenter de vous écraser. Il peut choisir un “bouc et misères”, un bouc émissaire qui aura la vie bien dure.
Si vous restez zen, il fera monter la pression jusqu’au point de vous faire craquer. Il a une excellente faculté à trouver chez les autres leur point sensible, leur point de rupture.
Il aime diviser pour régner.
Comment travailler avec un manager Despote ?
Règle n°1 : ne pas prendre ses remarques personnellement. Un petit peu comme si vous regardiez un match de catch à la télé. Prendre du recul vous aidera à rester zen.
Règle n°2 : rappelez le cadre de vos interventions, tout en lui laissant une porte de sortie pour qu’il ne se sente pas acculé. Il faut être capable de lui dire non, mais sans trop de fermeté pour ne pas lui donner l’impression que vous lui tenez tête.
Règle n°3 : invitez-le à se positionner en lui demandant par exemple ce qu’il ferait à votre place.
Règle n°4 : n’hésitez pas à beaucoup communiquer par écrit avec lui.
Une bonne astuce : supprimer les adverbes de vos écrits. Factualisez, sans émotions. “Être à l”heure” est factuel et indiscutable, ce qui n’est pas le cas de “être généralement à l’heure”.
Un dernier conseil de Patrick : prenez le moins possible sur vous !
Dans la majorité des cas, le harcèlement que vous subissez ne sera pas voulu. Il n’y a bien souvent rien de personnel, pour vous ennuyer. Il vient d’une personne qui veut “juste” bien faire son travail.
Ne prenez pas sur vous plus qu’il ne le faut pour ne pas vous détruire.
Supporter la toxicité d’une relation, c’est écouter sa peur. Je ne bouge pas car je peux avoir peur que mon prochain job soit moins bien que celui que j’ai. L’incertitude peut m’angoisser. Acceptons cette peur.
Se faire accompagner peut également nous aider à mettre en perspective la possibilité qu’au contraire on puisse être bien ailleurs.
Pour découvrir l’intégralité des 5 styles de management toxiques, je vous invite à lire le livre de Patrick Collignon :
Vous avez reconnu votre manager et ne savez pas quoi faire ? Parlons-en.