L’effervescence de la rentrée bat son plein. Le masque devient obligatoire dans beaucoup d’endroits. Profitez-en pour regarder avec attention les yeux de vos interlocuteurs. Écoutez le langage des yeux. Ils nous parlent et ont beaucoup de choses à nous raconter : émotions, stress, champs sémantiques.
Masqués dans les transports. Masqués dans les magasins. Masqués dans la rue. Masqués au travail.
Bref, masqués partout ou presque.
Avec les masques, une bonne moitié du visage nous manque. Lorsque nous parlons à quelqu’un, c’est comme si une partie de nos sens nous manquait.
C’est vraiment gênant !
Je ne vois plus le sourire de mon interlocuteur, sa moue de désapprobation, son rictus moqueur, sa mâchoire tendue par la colère. Pour les malentendants, c’est un réel problème : ils ne peuvent plus lire sur les lèvres.
Pourtant, avec un peu d’attention, nos yeux en disent tout autant. Alors entraînons-nous à devenir bilingue dans cette langue des yeux.
Regardez les pupilles, la peau et ses rides autour des yeux, les sourcils.
Les yeux nous parlent, alors écoutons les.
Ils nous parlent émotions. Ils nous parlent champs sémantiques.
Je m’explique.
Les yeux parlent de nos émotions
Commençons par le plus simple : la joie et son rire
Vous avez sûrement reconnu Bourvil dans “Le Corniaud”.
Les yeux se plissent, voire se ferment. Des petites rides apparaissent près des yeux. L’intensité est la même sur les 2 yeux, ce qui n’est pas toujours le cas pour un rire forcé ou un rire jaune pour lesquels une dissymétrie s’installe.
Les yeux écarquillés, les sourcils qui se lèvent ?
C’est l’étonnement, comme Richard Anconina dans le fameux “Itinéraire d’un enfant gâté”.
Un regard en coin, rempli de malice et un brin moqueur ?
Comme Audrey Tautou dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
Que pensez-vous de ce regard psychédélique, de Jack Nicholson qui joue le gardien fou dans “The Shining” ?
Les yeux sont le reflet de notre âme et nous en disent long sur ce que nous ressentons.
Attention toutefois : pas d’interprétation hâtive ! Lorsque vous décodez… ou essayez de décoder l’émotion de votre interlocuteur en lisant sur ses yeux, ne vous précipitez pas dans une interprétation. Si le cadre s’y prête, vérifiez avec lui si vous faites fausse route.
“Tu as l’air content de ce que je t’annonce ?”
“Quand je vois tes yeux se froncer, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose que tu n’as pas compris. Est-ce que tout est clair pour toi ?”
etc.
Cela vous permettra de continuer votre échange si vous avez fait fausse route…
“Non, non, ne t’inquiète pas, je viens juste de me souvenir que j’ai oublié d’appeler mon plombier pour prendre un rendez-vous. C’est très clair, tu peux continuer”
… ou d’apporter des précisions.
Nos yeux et le stress
En matière de stress, comment nous parlent nos yeux ?
“Le stress n’est pas un, mais développe 3 programmes, qui se succèdent en fonction des évènements (…). Ce sont les états de Fuite, Lutte, Inhibition”
J. Fradin “l’intelligence du stress”)
Regardons chacun de plus près.
La Fuite
Vous venez d’apprendre que votre manager sera absent à la prochaine réunion et vous allez devoir faire la présentation à sa place devant 50 personnes. Vous aimeriez pouvoir prendre vos jambes à votre cou pour éviter cette fameuse présentation.
L’anxiété de la Fuite va s’emparer de vous.
« Accélération préventive du cœur et de la respiration pour favoriser l’oxygénation des tissus, dilatation périphérique des petits vaisseaux, qui permet au sang de mieux irriguer les organes périphériques comme les muscles, augmentation du tonus dans les jambes pour mieux courir, attention dispersée du regard et regard fuyant pour cerner les dangers et les issues possibles.«
Bref, telle une souris prise au piège dans une cage, vous cherchez une issue de secours et vous préparez à fuir.
La Lutte
« Le programme de Fuite évolue lorsque l’on ne court pas assez vite, si le chemin est barré… ou lorsque l’on est en situation sociale moderne où il est interdit, voir simplement dévalorisé de fuir. Notre système joue alors la deuxième partition : la Lutte. On va se retourner contre l’agresseur (ou tout au moins celui qui est perçu comme tel!), tenter de le repousser, le dissuader. »
“Quoi ? Moi ? Faire la présentation devant 50 personnes sans aucune préparation ?! Mais c’est du grand n’importe quoi, on nage en plein délire !! Il n’en est pas question !! On m’a déjà fait le coup une fois, il n’est pas question que je m’y colle encore !!!”
Vous aurez noté en passant la multitude de points d’exclamation. Nous sommes en colère.
“Focalisation du regard, qui fixe dans les yeux pour connaître l’intention de son adversaire, un certain ralentissement du cœur et de la respiration par rapport à la Fuite, car il s’agit moins d’un effort maximum que d’une détente ciblée. La tension se déplace des jambes vers le cou et les mâchoires, pour mordre..”.
Un petit exemple avec Vincent Cassel dans La Haine.
Attention en passant à ne pas confondre cette Lutte défensive avec la Lutte offensive d’un dominant, tel Al Pacino dans le Parrain. Pas de tension dans le regard de ce dernier, mais une forme de dominance, de supériorité sur l’interlocuteur. Le “visage en arrière, position du regard montrant de la hauteur par rapport à son interlocuteur”*
L’inhibition
“Si l’on perd le combat, ou si le rapport initial de force semble trop dissuasif pour fuir ou lutter, on bascule vers l’Inhibition, synonyme d’intense vécu de découragement, d’abattement, de sentiment d’infériorité.”
“Respiration étouffée pour être totalement silencieux (d’où la sensation d’oppression respiratoire), constriction des capillaires sanguins pour économiser la chaleur et l’énergie (d’où la sensation de froid profond), puisqu’il faut désormais “durer” pendant “l’attente en tension”, jusqu’à ce que le prédateur parte. Pour économiser l’énergie, le cœur se ralentit, les extrémités se refroidissent, le teint devient blême (…)”
Le regard a tendance à se diriger vers le bas.
“C’est sûr je vais me planter, je n’ai vraiment pas de chance… c’est toujours sur moi que ça tombe ce genre de galère…(silence)…..(silence)….”
Je suis abattu, je me sens impuissant et découragé.
Les yeux parlent champs sémantiques
Robert Dilts, l’un des fondateurs de la Programmation Neuro-Linguistique, explique que les mouvements oculaires donnent des indications du champ sémantique utilisé par une personne.
Qu’est ce que cela signifie ?
Lorsque votre interlocuteur a les yeux vers le haut, il associe des éléments visuels au sujet de votre conversation, aux questions qui lui sont posées.
Lorsque ses yeux sont vers votre gauche, il les imagine. Lorsqu’ils vont vers la droite, il s’en souvient réellement.
Lorsque votre interlocuteur a le regard latéralement à droite ou à gauche, il se souvient d’un son (vers votre droite) ou il imagine et construit un son (vers votre gauche).
Lorsque son regarde se porte vers le bas, vers votre gauche, la personne fait attention au toucher, aux sensations.
Vers votre droite, la personne se parle intérieurement, elle a un dialogue interne.
Attention, les côtés indiqués sont valables pour la plupart des droitiers. Ils sont inversés pour les gauchers.
N’hésitez pas à poser quelques questions simples à votre interlocuteur afin d’identifier facilement certains côtés, par exemple : “quel est votre numéro de téléphone ?” (remémoré).
Source : Guide du praticien en PNL (L. Fèvre – G. Soto)
Comme précédemment, avant de faire des interprétations rapides, lorsque c’est possible, vérifiez toujours avec votre interlocuteur que vous n’êtes pas entrain de faire fausse route.
Exemples :
- en haut à droite : “ça te rappelle quelque chose que tu as déjà vu ?”
- latéralement à droite : “tu en as déjà entendu parlé ?”
- bas à droite : “qu’est ce que tu te dis ?”
Lorsque vous posez une question, tant que les yeux de votre interlocuteur sont en mouvement, attendez la réponse avant de poser une nouvelle question.
Vous pouvez vous entraîner avec vos proches ou en regardant les présentateurs à la TV, avant de tester nos nouvelles habiletés à votre travail.
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