Le « burn out » ou « syndrome d’épuisement professionnel » désigne un état “d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.” Mais alors, comment être certain de bien « réussir » son burn out ? Quelles sont les astuces pour y arriver presque à coup sûr ? Comment le détecter ?
L’exemple de Paul
Regardons de plus près l’histoire de Paul.
Paul est cadre dans une grande entreprise internationale. Il aime son travail. Il est marié et a 2 enfants. Des week-ends bien remplis. Des amis et de la famille à proximité. Sur le papier, tout va bien. Le tableau idéal.
En fait, je dirais plutôt que Paul adoooore son travail. Il est très impliqué et consciencieux et se met constamment la pression pour être au top. Il aime donner le meilleur de lui-même.
Il prend tous les dossiers qui lui sont confiés car cela lui donne l’occasion de montrer à quel point il est performant et arrive à assumer une grosse charge de travail.
Quand il rentre chez lui, sitôt la dernière bouchée du dîner avalée, il embrasse ses deux têtes blondes et se remet au travail afin de terminer le dernier dossier qui lui a été confié. Quel plaisir quand il pourra le donner à son manager dès le lendemain, alors qu’il n’était attendu que dans une semaine. Il savoure d’avance son effet de surprise.
Minuit, le dossier est terminé, il file au lit et avant de s’endormir traite les derniers mails reçus pendant la journée. La nuit sera courte.
Quelle belle journée !
Des journées de ce style, il va falloir en cumuler un bon nombre pour être certain d’arriver à faire un burn out.
Le week-end, son épouse Sylvie s’occupe des enfants pour lui permettre de continuer à travailler, toujours plus. Pas trop de sport ou de sorties entre amis, il préfère prendre un peu d’avance dans ses dossiers.
Certains jours, Sylvie lui demande comment il arrive à gérer autant de choses en parallèle.
D’autres jours, elle lui fait remarquer qu’il travaille trop, alors il s’énerve, nie et lui répond qu’elle n’a aucun sens des vraies priorités.
Il s’irrite de plus en plus et commence à avoir peur de mal faire. Au travail aussi, son humeur a changé. Il a peur d’être rejeté et multiplie ses efforts. Mais progressivement, son travail si passionnant il y a peu commence à l’ennuyer. Il trouve son job vide de sens. Il se sent fatigué… épuisé. Il n’arrive plus à faire face.
Et là : Bingo ! Burn out ! Paul a réussi à bien se vider de toute son énergie.
La clé du “succès” de Paul, c’est d’avoir bien laissé branché son “déconomètre”.
Son “déco-quoi ?” me direz-vous ? Son déconomètre, l’appareil (imaginaire) servant à mesurer le degré de folie (j’ai remplacé le bon terme par un autre plus politiquement correct).
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Albert Einstein
Pour la Haute Autorité de Santé (HAS), le burn out est un processus de dégradation du rapport subjectif au travail. Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique, la personne en burn out ne parvient plus à faire face.
Il ne se fait pas en deux jours. Il est le fruit d’un processus lent et progressif. Si insidieux que lorsque l’on s’en rend vraiment compte, il est souvent déjà tard… voire trop tard.
Quels sont les meilleurs candidats au burn out ?
Sommes-nous tous égaux pour « réussir » notre burn out ?
Bonne nouvelle : tout le monde peut y arriver. Cela dit, pour être tout à fait honnête, les femmes ont un petit peu plus de chances d’y arriver. Selon les études, les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées par le burn out (Source : portait robot des personnes exposées au burn out, du cabinet Technologia).
Pas de zones géographiques de prédilection. Quel que soit votre lieu de résidence en France, vos chances de succès seront les mêmes.
Il n’y a pas non plus de métiers de prédilection. Même si au départ il était plutôt observé dans les professions médicales, le burn out concerne maintenant tout le monde.
Malheureusement il y a un paramètre qui ne vous appartient pas.
Et oui, pas de chance, le burn out ne tient pas qu’à vous et à vous seul… il faut un environnement favorable, un “terreau propice” pour qu’il se développe.
“Quel environnement ? », me demanderez-vous.
Une organisation de votre entreprise et un management bien particulier ! Pour en savoir plus sur cet aspect, je vous invite à réécouter l’interview de Benoît Coux dans mon article “Harcèlement : comment le prévenir ?”, vous y trouverez des points communs entre les conditions de développement d’un burn out et d’un harcèlement.
Comment savoir si vous êtes en bonne voie ?
Rien de plus simple, vous pouvez le vérifier sur internet.
Plusieurs tests sont à votre disposition :
Le Maslach Burnout Inventory
Mis au point par Maslach & Jackson en 1981, le Maslach Burnout Inventory (MBI)5 est le questionnaire scientifiquement validé le plus utilisé aujourd’hui.
Le Copenhagen Burnout Inventory
Le CBI explore quant à lui trois dimensions du burn out : l’épuisement personnel, l’épuisement professionnel et l’épuisement relationnel.
Résumons-nous : comment détecter un burn out ?
Le burn out se caractérise par trois dimensions, selon la définition de l’OMS :
- un sentiment de fatigue intense et d’épuisement,
- des sentiments négatifs ou cyniques liés au travail,
- une efficacité professionnelle réduite.
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), pour détecter un burn out au niveau individuel, l’employeur, l’encadrement, les acteurs de la prévention au sein de l’entreprise, doivent être vigilants à un ensemble de signaux :
- Le salarié se plaint-il de manquer d’énergie pour accomplir son travail ?
- Fait-il part de problèmes de concentration, de manque de disponibilité mentale au travail ?
- Est-il facilement irritable ?
- Dévalorise-t-il le travail qu’il accomplit, sa propre efficacité et ses compétences ?
- Manifeste-t-il des signes de désinvestissement professionnel ?
Un changement dans l’attitude du salarié, un repli sur soi, un désengagement inhabituel sont autant de signaux qui doivent interpeller l’entourage professionnel.
L’un de vos proches est concerné ?
Si l’un de vos proches est sur la mauvaise pente, en direction d’un possible burn out, prenez les devants et abordez le sujet franchement. Il n’aura bien souvent pas conscience qu’il a dépassé ses limites.
La tâche est délicate, certes, mais l’enjeu est important.
Pour vous donner une image un peu guerrière, il vaut mieux désamorcer une grenade avant qu’elle n’explose.
Lors de cette étape de burn in, qui précède le burn out, votre proche se consume de l’intérieur sans même s’en rendre compte.
Essayez de dialoguer avec lui, il ne sera peut-être pas sourd à toutes vos remarques.
Si aujourd’hui vous vous sentez épuisé par votre travail et, contrairement à Paul, voulez éviter de faire un burn-out… Parlons-en ensemble.