La (péri)ménopause : un sujet encore tabou dans l’entreprise
Je suis consternée par la méconnaissance sur ce sujet des personnes que je croise. C’était également mon cas lorsque j’ai commencé à m’y intéresser.
Pendant longtemps, j’ai cru que la ménopause, c’était “juste” une histoire de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil ou d’os qui s’effritent.
Dans le monde du travail, ce sujet reste largement tabou. On le considère comme personnel, intime, voire embarrassant. Mais quand il impacte le sommeil, la mémoire, l’humeur ou la performance — autrement dit, la vie professionnelle — il devient un sujet managérial à part entière.
Cet article n’est ni médical, ni militant. Il est profondément humain, parce qu’un bon management, c’est aussi comprendre les réalités du corps et de la vie.
Comprendre les effets invisibles de la (péri)ménopause
Les hormones féminines : un équilibre qui influence tout le corps
La (péri)ménopause ne se résume pas à quelques bouffées de chaleur, même si c’est le symptôme le plus répandu. C’est une révolution hormonale qui transforme l’ensemble du corps, avec plus de 34 symptômes possibles.
Tous les organes sont sensibles aux oestrogènes : le cerveau, le coeur, le foie, les ovaires, mais aussi l’utérus, la peau, les seins, les dents, les os, le vagin. Il y a autant de récepteurs aux oestrogènes qu’à la progestérone dans le corps.
Ainsi quand les œstrogènes, la progestérone ou la testostérone chutent, c’est tout un équilibre qui se dérègle : le sommeil devient plus léger, la mémoire plus capricieuse, la concentration plus fragile. La régulation de la température, du stress, de l’énergie et même du tonus musculaire s’en trouve affectée.
Autrement dit, le corps féminin tient grâce à une orchestration hormonale fine. Quand elle se dérègle, c’est tout l’organisme qui cherche un nouveau rythme.

Le plus souvent, cette transition survient à un moment où les femmes sont en pleine maturité professionnelle : elles dirigent des équipes, portent des projets stratégiques, sont expertes dans leur domaine.
Pourtant, elles doivent composer avec une fatigue persistante, des nuits agitées, un brouillard mental, une irritabilité inhabituelle ou une baisse de motivation.
Ignorer cela, c’est ignorer une réalité physiologique qui touche 100 % des femmes à un moment de leur vie.
Quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Un enjeu managérial majeur
L’impact sur la performance et la communication au travail
La (péri)ménopause n’est pas un sujet “personnel” : c’est un sujet de performance, d’engagement et de santé au travail.
Les modifications hormonales ne s’arrêtent pas à la sphère intime. Elles influencent directement la concentration, la mémoire de travail, la prise de décision et la régulation émotionnelle — des capacités essentielles pour tout manager ou leader.
Comprendre ces liens, c’est redonner du sens à la notion même de performance humaine.
Les études montrent que les symptômes de la ménopause ont un impact direct sur la productivité (pour 16% des femmes), la confiance, la communication. Une manager qui dort mal, qui souffre de troubles de la mémoire ou qui lutte contre la fatigue aura naturellement plus de mal à maintenir la même clarté ou la même sérénité.
C’est aussi un enjeu de diversité et de fidélisation.
Aujourd’hui, certaines femmes quittent prématurément leur poste ou réduisent leur activité pendant cette phase, faute de compréhension ou d’aménagements adaptés.
C’est une perte de savoir-faire, d’expérience et de leadership pour les entreprises.
Imaginez Sophie, 48 ans, manager reconnue. Depuis quelques mois, elle perd ses mots, dort mal et s’énerve sans raison. Elle pense être moins compétente. Personne ne relie cela à une cause hormonale… elle non plus d’ailleurs. Elle doute, s’isole et finit par envisager de partir. Combien d’entreprises passent à côté de ces situations ?
Comment mieux vivre cette transition
Les bons réflexes pour traverser cette période sereinement
La première clé, c’est l’écoute de son corps. Apprendre à identifier ses signaux — fatigue, variations d’énergie, baisse de concentration — et ajuster son rythme professionnel en conséquence.
Comprendre que cette période n’est pas un affaiblissement, mais une transition. Les Japonais l’appellent d’ailleurs “le deuxième printemps”.
Choisir les moments où l’on est le plus en forme pour les tâches exigeantes, s’accorder des pauses conscientes, respirer, ralentir.
Revoir sa communication : parler de ses besoins à sa hiérarchie, à son équipe ou autres, sans honte ni justification.
Sur le plan médical, il est essentiel d’en parler à son gynécologue : un traitement hormonal de la ménopause (THM) peut être indiqué, tout comme d’autres traitements ou compléments.
Le score de Greene est un outil utile pour mesurer ses symptômes, ainsi que les ouvrages du Dr Michel Mouly, qui aborde ce sujet avec rigueur et clarté.
Enfin et surtout : faire preuve d’autocompassion. Cette étape de vie n’est pas une perte, c’est une mue. Une occasion d’apprendre à se connaître autrement, à s’écouter et à se recentrer sur ce qui compte vraiment.
Ce que les entreprises et les managers peuvent faire concrètement
Pourquoi les entreprises ont tout à gagner à en parler
Pour les managers, il ne s’agit pas d’en parler à tout prix, mais de savoir que cela existe.
Reconnaître que certaines variations de comportement ou de performance peuvent avoir une cause physiologique et non un manque d’engagement.
La clé, c’est la confiance : créer un climat où chacun peut exprimer ses besoins sans peur d’être jugé. Cela passe par une culture managériale bienveillante, qui considère les transitions de vie comme faisant partie du parcours professionnel.
Les entreprises peuvent aussi adapter leurs pratiques RH : horaires plus flexibles, espaces calmes, droit à la déconnexion, accompagnement spécifique.
Former les managers à ces sujets — au même titre qu’à la santé mentale ou à la diversité —, c’est leur donner les outils pour comprendre, accompagner et valoriser toutes les étapes de la vie professionnelle.
Une question de culture et de QVCT
Intégrer la (péri)ménopause dans les politiques RH, c’est aussi une question de culture d’entreprise. Aujourd’hui, on parle de santé mentale, de burn out, d’équilibre vie pro/vie perso. La santé hormonale féminine fait partie de cette équation.
La QVCT doit inclure aussi les transitions de la vie adulte, comme la (péri)ménopause, la parentalité ou les aidants familiaux.
Le saviez-vous ? Quand le Royaume-Uni montre l’exemple
En 2023, le Royaume-Uni a lancé une stratégie nationale sur la ménopause au travail, avec un rapport du UK Parliament intitulé “Menopause and the Workplace”.
Certaines entreprises comme Tesco ou la BBC ont mis en place des politiques internes dédiées : aménagements du temps de travail, formation des managers, congés adaptés.
En France, le sujet reste encore discret… mais c’est justement une formidable opportunité pour les entreprises pionnières d’incarner un leadership réellement humain.
Un clin d’œil à Naturalia pour sa récente campagne de communication sur l’alimentation et la ménopause.
Vers un leadership plus humain et inclusif
Reconnaître les transitions de vie, c’est reconnaître la richesse de l’humain.
Le management de demain ne se limite pas à des indicateurs de performance : il intègre les réalités du vivant — les cycles, les passages, les moments de vulnérabilité et de renouveau.
La (péri)ménopause est un révélateur de leadership : elle interroge notre capacité à conjuguer performance et humanité.
En faire un sujet de management, c’est permettre à des femmes de continuer à s’épanouir, à transmettre, à inspirer — tout en assumant cette phase avec fierté et lucidité.
“Reconnaître les transitions de vie, c’est reconnaître la richesse de l’humain.
C’est ce qui fera la différence entre un management lambda et un management durable et profondément humain.”
Pour aller plus loin
👉 Vous souhaitez interroger votre posture managériale ?
👉 Ou bien vous voulez profiter de votre «deuxième printemps» pour faire un point.
Parlons-en. Discrètement, mais sincèrement.
Je conçois des accompagnements sur mesure pour aider les managers à redonner du souffle à leur équipe et à eux-mêmes, en conjuguant performance, équilibre et vitalité durable.


